Macron Et La Françafrique : Un Nouveau Chapitre Pour L'Afrique Francophone ?

Viktoria Ivanova

5 min read

Post on May 03, 2025

4.1

Share

2. Les promesses de rupture de Macron : Un discours nouveau ?

2.1 Le Discours de Ouagadougou : Un tournant symbolique ?

Le discours de Ouagadougou, prononcé en novembre 2017, a été présenté comme un moment charnière. Macron y a appelé à une nouvelle forme de partenariat avec l'Afrique, rejetant explicitement le soutien aux régimes autoritaires et promettant un investissement massif dans la jeunesse et l'éducation. Ce discours a été salué par certains comme une rupture symbolique avec les pratiques néocoloniales passées.

• Nouvelles priorités : Investissement dans l'éducation, la formation professionnelle, et le soutien aux initiatives entrepreneuriales des jeunes.
• Fin du soutien aux régimes autoritaires : Engagement à soutenir les processus démocratiques et à ne plus soutenir aveuglément les dirigeants en place.
• Exemples concrets : Lancement de programmes d'échanges universitaires, augmentation de l'aide au développement axée sur le capital humain.

2.2 La Révision de la coopération militaire : Un désengagement progressif ?

La présence militaire française en Afrique a été un point central de la critique de la Françafrique. Sous Macron, on a assisté à un rééquilibrage des forces, avec un retrait progressif de certaines bases militaires et une volonté affichée de renforcer les partenariats avec les armées africaines.

• Retrait de certaines bases : Fermeture de certaines bases militaires françaises, notamment au Mali et en République centrafricaine.
• Coopération accrue avec les armées africaines : Formation, équipement et soutien logistique aux forces armées africaines.
• Critiques et succès : Si certains saluent ce désengagement progressif, d'autres pointent du doigt le maintien d'une influence militaire substantielle et les limitations des partenariats militaires établis.

2.3 Le financement du développement : Nouvelles priorités ?

L'analyse des flux financiers français vers l'Afrique sous Macron révèle une évolution des priorités. Si l'aide au développement reste importante, on observe un déplacement vers des secteurs clés tels que les infrastructures, l'éducation et la santé.

• Augmentation de l'aide au développement : Comparée aux années précédentes, l'aide française a connu une augmentation, même si son impact réel reste débattu.
• Nouveaux mécanismes de financement : Mise en place de partenariats public-privé, investissements dans des infrastructures stratégiques.
• Secteurs prioritaires : Investissements importants dans l'énergie renouvelable, l'agriculture et les technologies de l'information et de la communication.

3. Les réalités persistantes : Limites et défis du nouveau chapitre

3.1 Le maintien de l'influence économique française : Un héritage difficile à surmonter ?

Malgré le discours de rupture, la France conserve une influence économique considérable en Afrique francophone. Le maintien du Franc CFA, par exemple, continue de susciter de vives critiques, accusant la France de néocolonialisme économique.

• Domination du marché français : Maintien d'une forte présence des entreprises françaises dans plusieurs secteurs économiques africains.
• Critique du Franc CFA : Discussions sur la souveraineté monétaire des pays africains et la dépendance vis-à-vis du système monétaire français.
• Négociations commerciales : Négociation d'accords commerciaux préférentiels entre la France et les pays africains, soulevant des questions sur l'équité et la réciprocité.

3.2 Les relations avec les régimes autoritaires : Une contradiction persistante ?

La politique française en Afrique reste complexe, notamment dans les relations avec les régimes autoritaires. Des enjeux géopolitiques importants et la nécessité de lutter contre le terrorisme expliquent parfois la complexité de ces relations.

• Relations avec des régimes contestés : Maintien de relations avec des pays dirigés par des régimes autocratiques, malgré les discours en faveur de la démocratie.
• Enjeux géopolitiques : Nécessité de maintenir une influence dans une région stratégique soumise à des pressions croissantes de la part d’autres puissances.
• Contradictions : Difficulté de concilier les engagements démocratiques avec les réalités géopolitiques sur le terrain.

3.3 Les défis sécuritaires : Une coopération essentielle mais complexe ?

La coopération sécuritaire entre la France et l'Afrique reste essentielle dans la lutte contre le terrorisme. Néanmoins, cette coopération présente des défis et des limites.

• Opération Barkhane : Engagement militaire français au Sahel dans la lutte contre le terrorisme, avec des résultats mitigés et des critiques sur l'efficacité de la stratégie.
• Partenariats sécuritaires : Formation et équipement des forces armées africaines, mais aussi des risques de dépendance et d'ingérence dans les affaires intérieures.
• Défis futurs : Besoin d'une approche plus intégrée et concertée avec les autres acteurs internationaux, ainsi que d'un renforcement des capacités des armées africaines.

4. Conclusion : Vers une nouvelle ère de la coopération franco-africaine ?

Sous la présidence de Macron, la relation entre la France et l'Afrique francophone a connu des évolutions notables, mais les promesses de rupture avec la Françafrique restent à parfaire. Si le discours de Ouagadougou a marqué un tournant symbolique, les réalités persistantes – influence économique, relations avec les régimes autoritaires, défis sécuritaires – soulignent la complexité du chemin vers une coopération véritablement égalitaire. L’avenir de la Françafrique, et la construction d'une nouvelle relation franco-africaine, nécessite un dialogue permanent, une volonté politique accrue de la part des deux parties et une réflexion approfondie sur la décolonisation de la relation franco-africaine. Il est temps d'aller au-delà des discours et de construire ensemble une nouvelle Françafrique, une coopération véritablement partenariale au service du développement durable et de la souveraineté des pays africains.